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Nucléosynthèse primordiale

 

 

 

 

 

 

 

L'ASTROPHYSIQUE NUCLÉAIRE
Nucléosynthèse primordiale


Comment se sont formés les premiers noyaux ? L'étude des "fossiles nucléaires" a fourni les réponses.

Publié le 10 décembre 2015

LE CHAUDRON COSMIQUE
Les noyaux se forment dans les étoiles. Cette idée, que l’astrophysicien américain Fred Hoyle a développée dans les années 1950, rend compte de façon satisfaisante des proportions relatives d’un grand nombre de noyaux, mais pas de tous.
Si l’Univers a toujours été en expansion, il a forcément émergé d’une période pendant laquelle il était très dense et très chaud : l’observation du « fond diffus cosmologique », trace de la lumière émise au moment où sont apparus les premiers atomes d’hydrogène neutre, montre qu’il est passé par une phase où la température était de l’ordre de trois mille degrés. L’analyse de la répartition des noyaux légers (hydrogène, hélium et lithium notamment) prouve qu’il y a eu un état antérieur, où la température était supérieure à dix milliards de degrés.
C’est alors que s’est jouée une grande partie du destin de la matière.

LES NOYAUX FOSSILES
Trois noyaux résistent au modèle de la nucléosynthèse stellaire ; ce sont de véritables "fossiles nucléaires", témoins des premiers instants de l'Univers.
Le premier est le deutérium (D), aussi nommé « hydrogène lourd ». Son noyau est constitué d’un proton et d’un neutron. On en dénombre un pour cent mille atomes d’hydrogène. Le deutérium est le plus fragile des noyaux, il ne résiste pas à la fournaise stellaire. Dans les étoiles, il réagit dès que la température dépasse un million de degrés. D’où peut bien venir le deutérium encore observable ?


Le second fossile se nomme hélium 4 (4He). Les étoiles en fabriquent couramment à partir de quatre noyaux d’hydrogène. Mais pas assez : l’activité cumulée de toutes les étoiles ne suffit pas à rendre compte de sa grande proportion relative, qui est d’un atome d’hélium pour dix atomes d’hydrogène. Dans un certain nombre d’étoiles, on a mesuré la proportion d’hélium et de trois éléments lourds (carbone, azote et oxygène, noyaux qui ont été choisis car ce sont de purs produits de la nucléosynthèse stellaire). On a constaté que les étoiles qui ont le plus d’éléments lourds sont aussi celles qui ont le plus d’hélium.
Mais les étoiles les plus pauvres en éléments lourds en contiennent néanmoins une bonne quantité : aucune qui ait moins de sept noyaux d’hélium pour cent atomes d’hydrogène. Une interprétation s’impose : à leur naissance, les étoiles et les galaxies contiennent déjà 7 % d’hélium. D’où provient cet hélium primordial ? Enfin, le troisième fossile nucléaire est le lithium 7 (7Li). La proportion de lithium a été mesurée dans de nombreuses étoiles de notre galaxie. Quoique faible, elle est quasiment la même dans les étoiles les plus vieilles et elle augmente dans les plus jeunes. Cette remontée indique donc que les étoiles fabriquent du lithium, mais la présence de ce noyau en quantité constante dans les plus anciennes d’entre elles indique qu’il y eut, comme pour l’hélium, une contribution préalable à celle des étoiles.
D’où viennent le deutérium, l’hélium et le lithium ? L’étude de ces fossiles nucléaires a permis d’élaborer un scénario raisonnable selon lequel l’Univers a connu une température supérieure à dix milliards de degrés.


LA NUCLÉOSYNTHÈSE PRIMORDIALE
À dix milliards de degrés, l’agitation thermique est telle que l’interaction nucléaire forte est incapable d’assurer la stabilité des noyaux, qui se décomposent alors en protons et en neutrons. Le fluide cosmique est constitué d’un mélange de ces nucléons, au milieu desquels foisonnent électrons, photons et neutrinos. Les neutrinos jouent un rôle important : absorbés et émis sans cesse par les nucléons, ils transforment les protons en neutrons et vice versa. Ces réactions maintiennent un équilibre entre les nombres de neutrons et de protons dont le rapport dépend de la température.

L’expansion aidant, la température décroît, et vient un moment où les neutrinos ne peuvent plus interagir avec les nucléons, ce qui rompt l’équilibre qui prévalait jusqu’alors. Le neutron libre est une particule instable qui, en un peu moins d’un quart d’heure, se désintègre en un proton, un électron et un neutrino. Sa seule voie de conservation est son assemblage avec un proton pour former un noyau de deutérium. Or il faut de la chaleur pour engendrer le deutérium et, après fabrication, il faut le refroidir pour le conserver. L’expansion se charge de ces deux opérations : le deutérium est produit quand la température est voisine d’un milliard de degrés, et il est sauvé de la destruction prématurée par le refroidissement dû à l’expansion.
Pendant leur période de formation, les noyaux de deutérium peuvent aussi se joindre à d’autres nucléons pour engendrer successivement des noyaux d’hélium 3, d’hélium 4 et, en proportion moindre, de lithium 7.

Le refroidissement de l’Univers sous la température minimale de fusion met fin à cette activité nucléaire primordiale, qui n’a eu que trois minutes pour se réaliser ! Quand la température est trop basse, la composition de l’Univers est figée : on retrouve le deutérium dans l’espace interstellaire, l’hélium 4 primordial s’observe dans les étoiles et les galaxies anciennes et le lithium 7 à la surface des plus vieilles étoiles. Finalement, la nucléosynthèse primordiale n’a guère pu fabriquer que des éléments légers.
Ce sont les étoiles, plus froides que le milieu primordial de l’Univers, mais disposant de densités élevées et, surtout, de beaucoup plus de temps, qui synthétisent les éléments plus lourds.

 

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L’énergie noire

 



 

 

 

 

 

L’énergie noire

Publié le 21 juillet 2022

Les physiciens estiment que près de 70 % du contenu énergétique de l’Univers serait dû à une composante qui n’est ni matière, ni rayonnement. Cette composante exotique, appelée énergie noire, pousse l’Univers à accélérer son expansion depuis près de six milliards d’années. La nature de cette énergie noire constitue un des grands mystères contemporains de la cosmologie.
DU BIG BANG À L’ÉMERGENCE DE L’ÉNERGIE NOIRE

Dans les années 1920, Alexandre Friedmann et Georges Lemaître dessinent les bases théoriques de l’expansion de l’Univers en s’appuyant sur la relativité générale d’Einstein. En parallèle, Edwin Hubble observe que la vitesse à laquelle les galaxies s’éloignent de la Terre est d’autant plus élevée qu’elles sont plus distantes. Ce constat devient la loi de Hubble en 1929. Cette dernière ne résulte pas d’un mouvement propre des galaxies mais de l’expansion de l’espace-temps lui-même.
    

La théorie du Big Bang remonte au milieu des années 1920. Selon celle-ci, l’Univers a évolué à partir d’un état extrêmement dense et chaud, il y a 13,8 milliards d’années. Pendant les milliards d’années qui suivent, l’Univers est en expansion mais la gravité, qui est une force attractive, la ralentit. Pourtant, en 1998, deux équipes de recherche montrent que la quantité de lumière reçue de supernovae distantes est plus faible qu’attendue. Pour expliquer ce phénomène, il faut supposer qu’il existe une sorte d’énergie du vide qui accélère l’expansion depuis près de 6 milliards d’années : c’est l’émergence du concept d’énergie noire. Il sera conforté par la suite par les données du fond diffus cosmologique mesuré notamment par le satellite Planck.
    
L'observation des supernovae
L'observation des supernovae de type Ia est un indice de l'accélération de l'expansion de l'Univers. Les supernovae de type Ia, ces explosions d’étoiles arrivées en fin de vie, émettent un flux lumineux reproductible d’une supernova à l’autre, ce qui en fait des objets astrophysiques dont on connaît l’intensité lumineuse. Comme la quantité de lumière reçue d’un astre diminue avec le carré de sa distance, l’intensité du flux lumineux provenant de ces supernovæ permet de mesurer leur distance. Par ailleurs, en étudiant le décalage vers le rouge de ce même rayonnement, on peut estimer de combien l’Univers s’est dilaté depuis l’apparition de la supernova, sous différentes hypothèses d’Univers en expansion. Or, les supernovæ lointaines se sont révélées moins lumineuses, et donc plus éloignées, que ce qui est attendu dans un univers dominé par la seule force de la gravité. L’expansion de l’Univers, au lieu de ralentir, s’accélère.


QUELLE EST L'ORIGINE DE L’ÉNERGIE NOIRE ?
L’origine de l’accélération de l’expansion de l’Univers n’est pour l’instant pas connue. On la décrit donc empiriquement en introduisant dans la description de l’Univers une composante dite d’énergie noire, de force répulsive. Il revient à l’expérience d’en mesurer les caractéristiques pour comprendre ce qui se cache réellement derrière l’énergie noire.
Deux cas de figure sont envisageables :
*         Hypothèse 1 : La densité d’énergie noire peut demeurer constante dans le temps, auquel cas, elle serait interprétée comme une constante fondamentale de la nature, appelée constante cosmologique, ajoutée aux équations de la relativité générale d’Einstein.
*         Hypothèse 2 : La densité d’énergie noire pourrait varier dans le temps, ce qui nécessiterait de revoir la théorie d’Einstein plus en profondeur.
    
COMMENT TRAQUER LA NATURE DE L’ÉNERGIE NOIRE ?
Un des moyens pour cerner la nature de l’énergie noire est de mesurer l’histoire de l’expansion de l’Univers avec une grande précision.
Pour atteindre ce but, des « Grands relevés de galaxies » comme le programme eBOSS-SDSS4, qui vient de s’achever, ont vu le jour et dressent la carte à trois dimensions de l’Univers en mesurant le spectre de millions de galaxies. Ces relevés exploitent le phénomène d’oscillations acoustiques baryoniques qui fait que les galaxies ne sont pas distribuées aléatoirement dans l’Univers mais qu’elles apparaissent plus souvent à une distance caractéristique les unes des autres ; c’est ce que l’on appelle une « règle standard ». En mesurant la position des galaxies à différentes époques, on mesure la manière dont cette règle standard a varié au cours du temps et on peut retracer l’histoire de l’expansion de l’Univers. Les résultats de ces relevés confirment à nouveau l’accélération de l’expansion. La combinaison avec les résultats des relevés de supernovae et la mesure du fond diffus cosmologique établit que la nature de l’énergie noire est tout à fait en accord avec l’ajout d’une constante cosmologique dans les équations d’Einstein.
    
Les équipes françaises et internationales sont d’ores et déjà fortement impliquées dans la préparation et la construction de la prochaine génération de grands relevés spectroscopiques : le téléscope au sol DESI (Dark Energy Spectroscopic Instrument), le satellite Euclid de l’Agence Spatiale Européenne ainsi que le télescope au sol Rubin Observatory-LSST (Large Synoptic Survey Telescope). Le programme d’observations de DESI a débuté en mai 2021 et le satellite Euclid sera lancé à la fin 2022. Ils augmenteront le nombre d’objets de notre carte de l’Univers d’au moins un facteur 10 et permettront de resserrer encore plus le champ des possibles natures de l’énergie noire.

 
Notions clés
*         La relativité générale ou théorie relativiste de la gravitation a été établie entre 1907 et 1915 par Albert Einstein et s'appuie sur le principe d'équivalence établissant l'identité entre masse d'inertie et masse gravitante.
*         Cette théorie, nécessitant une mathématique élaborée, remplace la force de gravitation de Newton par une courbure de l'espace-temps créée par la répartition des masses. Elle dicte à chacune d'elles son évolution future.
*         Cette théorie n'est indispensable que dans le cas où la gravitation est intense, à proximité d'objets très denses comme les trous noirs, ou dans le cas de la description de l'Univers entier.

 

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LE SOLEIL

 



 

 

 

 

 

Le Soleil


Le Soleil est l’une des cent milliards d’étoiles de notre galaxie. C’est l’étoile la plus proche de la Terre – située à quelque cent cinquante millions de kilomètres – et donc la mieux observée. Mais comment l’observe-t-on et de quoi est-elle constituée ?

NATURE ET SOURCE D’ÉNERGIE DU SOLEIL
Le Soleil est une grosse boule de gaz chaud tournant sur elle-même en 28 jours environ. Comme toutes les étoiles, le Soleil brille car il produit de l’énergie. C’est un gigantesque réacteur nucléaire. En son cœur, la température est de 15 millions de degrés. A cette température ont lieu des réactions de fusion au cours desquelles, l’hydrogène est transformé en hélium en libérant de l’énergie. Cette transformation se fait progressivement et lorsque le Soleil aura épuisé tout son hydrogène, la température en son centre augmentera encore jusqu’à déclencher la fusion de l’hélium en carbone. Mais la capacité de fusion nucléaire dont dispose le Soleil est limitée et n'excèdera pas dix milliards d’années environ au total.

 
AGE ET COMPOSITION DU SOLEIL
On suppose que le Soleil et tous les corps du système solaire sont nés quasiment en même temps. Or l’âge des plus vieilles roches terrestres, lunaires et météoriques a pu être estimé aux alentours de 4,6 milliards d’années. C’est donc aussi l’âge du Soleil qui est ainsi à la moitié de sa vie.
Les proportions relatives des divers éléments chimiques du Soleil et du système solaire sont connues grâce à deux sources principales :
*         L’analyse de la lumière émise par la surface du Soleil, la photosphère. Cette lumière est  la lumière visible, mais aussi les rayonnements non visibles à l’œil nu (les ondes radio, l’infrarouge, l’ultraviolet, les rayons X et gamma). Tous ces rayonnements forment le spectre du Soleil. Dans le spectre solaire, la trace des différents éléments chimiques est visible sous forme de bandes sombres, les raies d’absorption, qui permettent d’identifier chaque élément.
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*         L’analyse en laboratoire des météorites tombées sur Terre permet aussi de déterminer la composition chimique de la matière qui constitue le système solaire.
    
STRUCTURE DU SOLEIL
La surface du Soleil présente des taches sombres et des éruptions qui sont le signe d’une activité interne, turbulente et chaotique. On estime que les couches les plus externes du Soleil, soit les derniers 30% de son rayon, sont animées en permanence de mouvements convectifs qui transportent la matière vers la surface. On ne peut pas observer directement l’intérieur du Soleil. Pour comprendre la dynamique turbulente et l’activité magnétique du Soleil il est nécessaire de disposer d’un « modèle physique » complet, représentant sa composition interne, sa dynamique et son atmosphère.

HÉLIOSISMOLOGIE ET MODÉLISATION 3D : DES TECHNIQUES
POUR SONDER LE SOLEIL
Notre compréhension du Soleil a connu des progrès considérables au cours des trente dernières années. Il est à présent possible de sonder l’intérieur de l’astre grâce à l’héliosismologie, l’étude des vibrations solaires. Les mouvements internes du Soleil font « vibrer » le Soleil comme un tambour et créent des ondes acoustiques qui se propagent jusqu’à différentes profondeurs dans le Soleil. L’étude de ces ondes a permis de valider et d’améliorer les modèles de l’intérieur solaire en déterminant notamment la densité et la vitesse de rotation interne de l’étoile.

Le progrès des supercalculateurs a également permis le développement de codes de calculs les plus réalistes possibles, aptes à décrire la magnétohydrodynamique, c’est à dire les mouvements de la matière dans un champ magnétique à l’intérieur des étoiles, dont le Soleil. Ces simulations numériques sur ordinateurs permettent de reproduire actuellement l’amplitude des ondes qui parcourent le Soleil du cœur jusqu’à sa surface mais également de comprendre certains phénomènes, tels que la turbulence, la convection, les effets thermiques, radiatifs et visqueux ou encore la rotation différentielle (entre les pôles et l'équateur). Récemment, les chercheurs sont ainsi parvenus pour la première fois à réaliser une modélisation 3D de 97 % du volume du Soleil.

    
Pour mieux comprendre l’activité magnétique cyclique du Soleil (dont la période est d’environ 11 ans) et tenter de se protéger de ses effets sur la Terre, les astrophysiciens font aussi appel à la simulation par ordinateur. Ces simulations permettent de mieux comprendre le déclenchement des éruptions solaires qui affectent tout le système solaire. Celles-ci sont la source du vent solaire, un flot de particules qui s’échappe du Soleil et vient balayer la Terre, créant d’importantes perturbations électromagnétiques affectant les réseaux électriques, les communications et les satellites d’observation.

 

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Quand un trou noir rencontre une étoile à neutrons

 

 

 

 

 

 

 

Quand un trou noir rencontre une étoile à neutrons

29.06.2021, par Yaroslav Pigenet
Mis à jour le 07.07.2021

Fin juin, les observatoires Ligo-Virgo ont annoncé les toutes premières observations de la coalescence entre un trou noir et une étoile à neutrons. Ces découvertes ouvrent la voie à une meilleure compréhension de la formation et de l’évolution de ces corps compacts.

Cinq ans après leur toute première détection d’une coalescence entre deux trous noirs, les observatoires d’ondes gravitationnelle Ligo et Virgo annoncent avoir observé pour la première fois des fusions d’un trou noir et d’une étoile à neutrons. Prédits par la théorie, ces types particuliers de systèmes binaires compacts mixtes – composés d’une étoile à neutrons et d’un trou noir – n’avaient jusqu’ici jamais été observés. « Jusqu’ici nous n’avions observé que des paires de trous noirs ou des paires d’étoiles à neutrons par l’intermédiaire d’ondes électromagnétiques ou gravitationnelles, explique Astrid Lamberts, chercheuse au CNRS au laboratoire J.-L. Lagrange1 et membre de la collaboration Virgo au sein de l’Observatoire de la Côte d’Azur de Nice. La paire entre trou noir et étoile à neutrons restait le couple manquant. » L’étude de ces systèmes binaires mixtes devrait permettre aux astrophysiciens de mieux comprendre et modéliser leur prévalence, leurs origines et leur évolution.

Dix-huit mois pour une double découverte
Le 5 janvier 2020, alors que le monde entrait à peine dans une pandémie qu’il n’avait pas encore nommée, les observatoires Advanced Virgo en Italie et Advanced Ligo de Livingston (États-Unis) enregistraient simultanément le signal d’une onde gravitationnelle produite par les derniers instants d’une collision entre deux corps compacts. Dix jours plus tard, les deux détecteurs américains et Advanced Virgo captaient le signal émis par un cataclysme distinct mais de même type. Après dix-huit mois, dont plusieurs mois d’analyses et de modélisations menées conjointement par les chercheurs des collaborations Ligo aux États-Unis, Virgo en Europe et Kagra au Japon, ces deux événements, baptisés GW200105 et GW200115, se sont révélés être la toute première observation de la coalescence d’un trou noir et d’une étoile à neutrons.
 
En effet il faut savoir que l’astronomie gravitationnelle nécessite un long et complexe processus de filtrage et de modélisation des signaux bruts captés par les détecteurs afin d’en extraire une information exploitable. Ces analyses, qui s’appuient notamment sur les équations de la relativité générale, ont ainsi montré que GW200105 était issu de la collision de deux corps compacts pesant, respectivement, 8,9 et 1,9 masses solaires. Quant à GW200115, il signe la coalescence entre deux corps de 5,7 et 1,5 masses solaires. Les deux événements se sont déroulés il y a entre 800 millions et un milliard d’années, une époque où la Terre, sur laquelle on ne trouvait encore ni animal ni plante, s’apprêtait à devenir une immense boule de neige. Mais surtout, pour chacun de ces deux événements, le corps le plus lourd de la paire correspond bien à la masse attendue d’un trou noir tandis que la masse du plus léger rentre dans l’intervalle attendu pour les étoiles à neutrons. Ces données indiquent que ce que l’on a observé en janvier 2020 a vraisemblablement pour origine des paires mixtes trou noir/étoile à neutrons.

En attendant la lumière
Deux autres signaux gravitationnels captés en 2019 (GW190814 et GW190426) étaient déjà suspectés d’être issus de collisions mixtes ; toutefois, dans le cas de GW190426, le résultat des analyses n’atteignait pas un niveau de significativité statistique suffisant pour être qualifié de « découverte » ; quant aux sources supposées de GW190814, la masse estimée du corps le plus léger de la paire faisait qu’il pouvait aussi bien être un petit trou noir qu’une grosse étoile à neutrons.
« En analysant la forme de l’onde gravitationnelle, on peut mesurer les masses des deux objets qui ont fusionné. Or, pour ces deux évènements, la masse de l’objet plus léger est dans l’intervalle des masses des étoiles à neutrons déjà détectées et elle est aussi compatible avec les modèles d’évolution de ces systèmes mixtes, explique Matteo Barsuglia, directeur de recherche au CNRS au laboratoire Astroparticule et cosmologie2 et responsable pour la France de la collaboration Virgo. La détection, dans la forme de l’onde gravitationnelle, d'une trace issue de la déformation de l’objet plus léger ou bien de la dislocation de celui-ci, aurait pu constituer une preuve ultérieure et directe qu'il s'agit bien d’une étoile à neutrons. Mais cette trace n’a pas été détectée, ce qui est tout à fait normal pour GW200105 et GW200115, compte tenu de la sensibilité des détecteurs, de la distance des astres et du rapport de leurs masses. Quand nos interféromètres auront gagné suffisamment de sensibilité, dans les campagnes d’observations futures, nous espérons pouvoir détecter ces “effets de marée”, qui n’affectent que les étoiles à neutrons. Des effets de marée dont l’analyse permettra aussi en plus de mieux comprendre la structure interne des étoiles à neutrons. »



On aurait pu, par ailleurs, avoir une confirmation supplémentaire de cette double découverte via un tout autre type d’instruments. En effet, à la différence des paires de trous noirs – qui n’émettent rien dans le spectre électromagnétique –, les systèmes mixtes peuvent émettre des signaux potentiellement visibles par nos télescopes classiques, comme ce fut le cas pour l’événement GW170817 dont la source était la collision de deux étoiles à neutrons. Toutefois, outre leur grande distance, la direction des sources de GW200105 et  GW200115 n’a pas pu être établie avec suffisamment de précision pour avoir un pointage efficace des télescopes, et aucune lumière a été détectée à la suite de ces évènements. Une autre raison possible de l’absence de lumière est la différence des masses entre l’étoile à neutrons et le trou noir : le trou noir pourrait avoir « avalé » rapidement l’étoile à neutrons avant sa destruction, empêchant ainsi l’émission de lumière.

Deux scénarios de formation
Les trois types possibles de systèmes binaires compacts ayant été désormais observés, les scientifiques vont maintenant s’efforcer de comprendre leurs propriétés. « En fait, cette découverte va permettre d’approfondir la connaissance que nous avons des phénomènes les plus extrêmes de l’Univers ainsi que nous aider à mieux comprendre les mécanismes qui les ont générés », précise Astrid Lamberts.
Les astrophysiciens disposent ainsi de deux grands scénarios décrivant la formation des paires trou noir/étoile à neutrons. Le premier, appelé évolution binaire isolée, postule que le couple a d’abord été une étoile double dont l’une a fini par évoluer en trou noir, l’autre en étoile à neutrons. Le second, appelé interaction dynamique, implique une formation tardive de la paire, de deux corps jusque-là indépendants que l’interaction gravitationnelle a mis en orbite mutuelle suite à une rencontre fortuite. Pour trancher entre ces deux scenarios, l’analyse des ondes gravitationnelles donne accès à une autre information cruciale : le sens de rotation des trous noirs (spin). Dans le cas d’une évolution binaire on s’attend ainsi à ce que le trou noir ait un spin aligné avec l’orbite de son binôme. Tandis que dans le cas d’une interaction dynamique, les deux orientations sont indépendantes.


LIGO Virgo Frank Elavsky, Aaron Geller, Northwestern University
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Le signal correspondant à GW200105 n’a pas permis de trancher entre les deux scénarios. En revanche, pour l’événement GW200115, les données analysées indiquent que si le trou noir tournait sur lui-même dans le sens des aiguilles d’une montre, l’étoile à neutrons orbitait autour du trou noir en sens inverse. Ce qui constitue un indice que ce système s’est formé lorsque le trou noir a « capturé » gravitationnellement l’étoile à neutrons.

Nouvelles perspectives
De futures observations permettront de déterminer plus précisément la fréquence de formation de tels systèmes binaires, ce qui permettra ainsi d’établir quels sont les scénarios de formation les plus probables. En se basant sur les deux détections actuelles, on peut estimer que 5 à 15 systèmes binaires de ce type se forment chaque année dans un rayon d’un milliard d’années-lumière ; une fourchette qui ne permet pas pour l’instant de trancher entre les deux scénarios.
« Le dernier cycle d’observation qui s’est achevé en mars 2020 nous a déjà permis de découvrir de nouveaux types de sources, comme celle que nous venons d’annoncer, mais aussi d’établir un deuxième catalogue de sources d’ondes gravitationnelles, avec 39 sources auxquelles s’ajoutent les 11 sources détectées dans les campagnes précédentes, précise Matteo Barsuglia, et l’analyse de la deuxième partie de la campagne n’est pas terminée. Le prochain cycle doit débuter mi 2022 avec des interféromètres encore plus sensibles : on s’attend alors à détecter des centaines d’événements. Ce qui va constituer un vrai changement de perspective. Bien sûr, nous espérons détecter de nouveaux types de sources, mais nous ferons surtout plus d’études globales et statistiques sur les populations des sources, ce qui permettra entre autres d’affiner notre connaissance des scénarios de formation, de certains aspects de l’évolution stellaire mais aussi de faire de la cosmologie et des tests poussés de la relativité générale. » ♦

À lire sur notre site
Les premiers pas de l'astronomie gravitationnelle
Quand la Terre était une boule de neige
Étoiles à neutrons : une fusion qui vaut de l’or

 

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